Explication de l’Evangile du Dimanche de la Miséricorde

Explication de l’Evangile du Dimanche de la Miséricorde par le Père Pelletier

Les portes closes

« Car ce corps du Seigneur qui rejoignait les disciples toutes portes closes, c’est le même qui à sa naissance, est devenu visible pour nous lorsqu’il sortit, par sa nativité, du sein intact de la Vierge.

Alors quoi de étonnant  s’il est entré  portes closes après sa résurrection qui le fera vivre éternellement, alors que, venu pour mourir, il est sorti, sans l’ouvrir, du sein de la Vierge ?

Mais parce que la fois des témoins doutait à l’égard de ce corps qu’ils pouvaient voir, il leur montra aussitôt ses mains et son coté.

Cette chair qu’il avait fait passer à travers les portes fermées, il l’offrit à leur touché.

(Saint Grégoire le  Grand. Homélie 26, +604 PL 76, 119761198).

Vous me demandez : Puisqu’il est entré les portes fermées, que sont devenues les propriétés naturelles du corps ? Et moi je vous réponds ; Lorsqu’il a marché sur la mer, qu’était devenue la pesanteur de son corps ? Le Seigneur se conduisait ainsi comme étant le souverain Maître ; a-t-il dons cessé de l’être parce qu’il est ressuscité ?  (St. Augustin, sermon 159.)

La Pentecôte Johannique.

« En ayant dit cela, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. » Il nous faut chercher pourquoi Notre Seigneur nous a donné l’Saint Esprit, une première fois durant son séjour sur la terre, puis une autre fois depuis qu’il règne au Ciel. Car nulle part ailleurs, on ne nous indique clairement que l’Esprit Saint est donné, si ce n’est ici, ou il est reçu dans un souffle, et, postérieurement, quand il se révèle comme venant du Ciel sous forme des langues multiples. Pourquoi donc est-il d’abord donné aux disciples sur <la te3rre, puis envoyé du Ciel, sinon parce qu’il y a deux préceptes de charité, l’amour de Dieu et l’amour du prochain ? L’Esprit nous est donné sur la terre pour aimer le prochain, et il nous est donné du Ciel pour aimer Dieu. De même qu’il n’y a qu’une seule charité, mais deux préceptes, il n’y a aussi qu’un seul esprit, mais il est donné deux fois : la première fois par le Seigneur séjournant sur terre, la seconde fois du haut du Ciel. N’est-ce pas par l’amour du prochain qu’on apprend comment parvenir à l’amour de Dieu ? D’où la parole de Jean : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, commet peut-il aimer Dieu qui ne voit pas ? » (1Jn 4, 20)

Si des avant la Résurrection, l’Esprit saint a réside dans les cœurs des disciples pour les amener à la foi, il ne  leur fut cependant donné visiblement qu’après la Résurrection. Aussi est-il : 2L’Esprit n’avait pas encore été donne, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié. » (Jn. 7,39). Moïse dit au même sujet : « Ils ont sucé le miel du rocher et l’huile de la roche dure. » (Dt. 32, 13).  Or, quand bien même on étudiera tout l’Ancien testament, on n’y trouvera aucun fait d’histoire correspondant. Le peuple n’y suce nulle part le miel du rocher, non plus que l’huile. Mais puisque, d’après le mot de Paul, 2le Rocher était le Christ » (1Co 10, 4), ceux qui ont vu les faits et les miracles de notre Rédempteur ont sucé le miel du Rocher. Et ils ont sucé l’huile de la Roche dure, car après sa Résurrection, ils ont mérité d’être oints par l’effusion de l’Esprit Saint. C’est donc pour ainsi dire un Rocher encore peu  ferme qui a donné le miel, quand le Seigneur, encore mortel, a montré la douceur de ses miracles aux disciples. Mais l’huile s’est écoulée d’une Roche dure, puisque le Seigneur, qui ne peut plus souffrir après sa Résurrection, a répandu le don de son onction sainte par le souffle de l’Esprit.

C’est de cette huile que le prophète affirme : « Le joug pourrira par la présence de l’huile. » (Is. 10,27)Le démon nous tenait sous le joug de sa domination, mais nous avons été oints par l’huile de l’Esprit Saint Et le joug de la domination du démon a pourri du fait que la grâce de la liberté nous a oints, comme l’atteste Paul : « Là où est l’Esprit du Seigneur, là  est la liberté. » (2Co 3, 17)

(Saint Grégoire le Grand +604 Homélie 26, PL 76, 1197-1198.

Le doute de Thomas

« La bonté céleste, en effet, a tout conduit d’une manière admirable, pour que ce disciple, sous l’empire du doute, touche en son Maître les blessures de la chair, et guérisse ainsi en nous les blessures de l’incrédulité. Et l’incrédulité de Thomas a été plus utile pour notre foi que la foi des disciples qui croyaient : quand Thomas est ramené a la foi en touchant (les plaies de Jésus), notre esprit est délivré de tous ses doutes et se trouve conforté en sa foi.

Le Seigneur permit ainsi qu’un disciple doutât après sa résurrection, sans pourtant l’abandonner dans ce doute, de même qu’il voulut  qu’avant sa naissance, Marie (sa mère) eût un époux, qui néanmoins ne consomma pas le mariage. Et le disciple, en doutant puis en touchant, devint le témoin de la vérité de la Résurrection, comme l’époux de Mère (de Jésus) avait été le gardien de l’inviolable virginité de celle-ci. Thomas toucha te s’écria : « Mon Seigneur et mon Dieu » « Jésus lui dit : « Parce que tu as vu, Thomas, tu as cru. » Comme l’apôtre Paul nous dit que la « foi est la réalité des choses qu’on espère, la preuve de celles qu’on ne voit pas «  (He 11, 1), il est fort clair que la foi est la preuve des choses qui ne peuvent être vues. Car elles qui sont visibles ne relèvent pas de la foi, mais de la connaissance. Mais puisque Thomas vit et toucha, pourquoi lui dit-on « Parce que tu m’as vu, tu as cru ». C’est que Thomas vit une chose et en crue une autre. La divinité ne peut être vue par un homme mortel. Thomas vit donc l’homme, et il confessa Dieu, en s’écriant : « Mon Seigneur et mon Dieu » Il cru en voyant, puisqu’en considérant celui qui était vraiment homme, il proclama qu’il était Dieu, ce qu’il ne pouvait voir. »

(Saint Grégoire le Grand +604 Homélie 26, PL 76, 1197-1198.

« L’ange Gabriel fur envoyé par Dieu à une vierge, fiancée à Joseph ». : Pourquoi fiancée, puisqu’elle était, nous l’avons vu, cette vierge élue qui devait concevoir et enfanter ? Il est bien étrange qu’on la dise fiancée…Je vous dirai là-dessus ma pansée, ou plutôt celle que les Pères eurent avant moi. Les fiançailles de Marie s’expliquent de la même façon que le doute de Thomas. De même que Thomas, pour avoir doute et voulu toucher le corp0s de Jésus, devint le plus sur témoin de sa résurrection, Joseph, grâce à ses fiançailles avec Marie, devait être le meilleur témoin de sa virginité. Il y a donc une parfaite analogie entre le doute de Thomas et les fiançailles de Marie : tous deux  pouvaient nous exposer à une même erreur, l’un nous induisant à suspecter la vérité de son témoignage, l’autre à contester sa virginite. Mais tout a été disposé  avec sagesse pour que notre certitude s’affermît précisément de ce qui risquait de l’ébranler. Sur la Résurrection du Fils, j’accorderai plus de crédit à Thomas, qui l’a mise en doute et puis a touché le ressuscité, qu’à  Cephas qui y a crut par  ouï-dire.

Et pour la virginité de Marie, j’accepterai plus aisément l’attestation du fiance qui veilla sur elle,  que les protestations de la Vierge elle-même invoquant sa seule conscience. »  (Saint Bernard +1153)

 

Les stigmates

« Jésus aurait pu, s’il avait voulu, faire disparaitre de son corps ressuscité et glorifie toute marque de cicatrice, mais il savait les raisons pour lesquelles il conservait ces cicatrices dans son corps. De même qu’il les a montrées à Thomas, qui ne voulait point croire à moins d’avoir touché et d’avoir vu, ainsi il montrera un jour ces mêmes blessures à ses ennemis, non plus pour leur dire : « Parce que vous avez vu, vous avez cru. »  mais pour qu’ils soient convaincus par la vérité qui leur dira : « Voici l’homme que vous avez crucifié, vous voyez les blessures que vous avez faites ; vous reconnaissez le côté que vous avez percé, c’est par vous et pour vous qu’il a été ouvert, et cependant vous n’avez pas voulu y entrer. »

(Saint Augustin du symbole des catéchumènes 2,8)

Je ne sais pourquoi l’amour que nous avons pour les saints martyrs nous fait désirer de voir sur leur corps , dans le royaume des cieux, les cicatrices des blessures qu’ils ont reçues pour le nom de Jésus Christ, et j’espère que ce désir sera satisfait. Car ces blessures, loin d’être une difformité, seront un signe de gloire, et bien qu’empreintes sur leur corps, elles feront éclater la beauté, non point du corps, mais de leur courage et de leur vertu. Et quand même les martyrs auraient eu quelques-uns de leurs membres coupés ou retranchés, ils  ne ressusciteront pas sans que ces membres leur soient rendus, car il leur a été dit : « Un cheveu de votre tête ne périra pas. » (Lc 21, 18). Si donc est juste que dans cette vie nouvelle, on voie les marques de ces glorieuses blessures dans leur chair douée de l’immortalité, les cicatrices de ces blessures apparaitront sur les membres qui leur seront rendus, à l’endroit même où ils ont été frappés ou coupés, pour être retranchés. Tous les défauts du corps disparaitront alors, il est vrai, mais on ne peut considérer comme des défauts ou des taches les témoignages de courage des martyrs.

(Saint Augustin. La Cité de Dieu 22, 20)

Mon Seigneur et Mon Dieu

« Thomas n’était-il pas un des disciples, un homme de la foule pour ainsi dire ? Ses frères lui disant « Nous avons vu le Seigneur ». Et lui « Si je ne touche pas, si je ne me pas mon doigt dans son côté, je ne croirai pas » Les évangélistes t’apportent la nouvelle, et toi tu ne crois pas ? Le monde  a cru et le disciple n’a pas cru ? Les paroles ce sont répandues, elles sont parvenues jusqu’aux confins du monde et le monde entier a cru… et lui ne croit pas. Il n’était pas encore devenu ce Jour qu’a fait le Seigneur. »

« Qu’il vienne donc, lui qui est le point du Jour, qu’il vienne et qu’il dise avec patience, avec douceur, sans colère, lui qui guérit : Viens, viens, touche ceci et crois. Tu as déclaré : si je ne touche, si je ne mets pas mon doigt, je ne croirai pas. Viens, touche, mets ton doigt et ne sois pas incrédule, mais fidele. Je connaissais tes blessures, j’ai garde pour toi ma cicatrice. »

« Mais, en approchant sa main, Thomas peut pleinement compléter sa foi. Quelle est, en effet, la plénitude de la foi ? De ne pas croire que le Christ est seulement homme, de ne pas croire non plus que le Christ est seulement Dieu, mais de croire qu’il est homme et Dieu. Telle est la plénitude de la foi. Ainsi le disciple auquel son Sauveur donnait à toucher les membres de son corps et ses cicatrices s’écrie :

«  Mon Seigneur et mon Dieu ». Il a touche l’homme, il a reconnu Dieu. Il a touché la chair, il s’est tourné vers la Parole, car l  « la Parole s’est faite chair et elle a habité parmi nous ». La Parole a souffert que sa chair soit suspendue au bois ; la Parole a souffert que des clous soient fixés dans sa chair,  la Parole a souffert que sa chair soit transpercé par la lance ; la Parole a souffert que sa chair soit mise au tombeau. La Parole a ressuscite sa chair, l’a montré aux yeux de ses disciples, s’est prêté  à être pressée de leurs mains. Ils touchent et ils crient : « Mon Seigneur et mon Dieu » Voici le jour qui fit le Seigneur. »

Saint Augustin +430

« S’Il n’était pas chair, les vêtements de qui les soldats ont-ils enlevés et partagés ? Et s’il n’était pas Dieu, comment le soleil s’obscurcit-il au moment de la crucifixion ? S’Il n’était pas chair, qui était pendu sur les mains et les pieds de qui les clous ont-ils transpercés ? Et s’Il n’était pas Dieu, comment le voile du temple se déchira-t-il ? Comment les rochers se fendirent-ils et les sépulcres s’ouvrirent-ils ?

S’Il n’était pas chair, qui s’écria : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? Et s’Il n’était pas Dieu, qui dit : « Père, pardonne-leur » ? S’Il n’était pas chair, qui était pendu sur la Croix avec les larrons ? Et s’il n’était pas Dieu, comment dit-il au larron : « Aujourd’hui tu seras avec moi au paradis ? S’Il n’était pas chair, à qui offrirent-ils du vinaigre et du fiel ? Et s’Il n’était pas Dieu, en entendant la voix de qui l’enfer s’effraya-t-il ? S’Il n’était pas chair le côté de qui la lancé a-t-elle piqué, en faisant jaillir du sang et de l’eau ? Et s’Il n’était pas Dieu, qui brisa les portes de l’enfer et en rompit les liens, et à l’ordre de qui les morts enfermés en sortirent ?  S’Il n’était pas chair, qui les apôtres virent-ils dans la chambre haute ? Et s’Il n’était pas Dieu, comment entra-t-il les portes fermées ? S’Il n’était pas chair, la marque des clous dans les mains et celle de la lance dans le côté, et que Thomas toucha, à qui étaient-elles ? Et s’Il n’était pas Dieu, à qui s’écria-t-il : « Mon Seigneur et mon Dieu ? » S’Il n’était pas chair, qui mangea sur les bords du lac de Tibériade ? Et s’Il n’était pas Dieu, à l’ordre de qui le filet se remplit-il de poissons ? S’Il n’était pas chair, qui les anges et les apôtres virent-ils monter au ciel ? Et s’Il n’était pas Dieu, pour qui le ciel s’ouvrit-il, qui les Puissances adorèrent-elles avec crainte, et pour qui le >Père avait-Il dit : « Siège à ma droite, etc… » (Ps. 109,1) ?

 

S’Il n’était pas Dieu et chair, notre salut est donc un mensonge, mensonge aussi alors la voix des prophètes. Mais ce qu’on dit les prophètes s’est réalisé, et leurs témoignages sont vrais. Pour tout ce qui a été ordonné, c’est le Saint Esprit qui parlait avec eux ; c’est pourquoi Jean aussi, le pur et vierge –celui qui se pencha sur la poitrine de feu – en certifiant la vois des prophètes et parlant de dieu dans l’Evangile nous a enseigné en disant : « Au commencement était la parole, et la parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu » (Saint Ephrem, homélie sur la Transfiguration)

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